Dark web : vos mots de passe y sont-ils déjà ?
- Napsis Provence
- 12 nov.
- 3 min de lecture
Imaginez une immense place de marché souterraine, invisible depuis Google, où circulent chaque jour des millions de données volées : adresses mail, identifiants de connexion, numéros de carte bancaire, documents internes d’entreprise. Bienvenue sur le dark web, ce “web caché” où les cybercriminels échangent, vendent et achètent ce que d’autres ont perdu.
Pour beaucoup de dirigeants de PME, ce monde parallèle paraît lointain, presque anecdotique. Et pourtant, il concerne directement leur entreprise. Car dans 80 % des cyberattaques recensées, tout commence par une simple donnée volée : un identifiant, un mot de passe, un accès mal protégé.
Le dark web, ce n’est pas un mythe
Contrairement à l’image véhiculée par les films, le dark web n’est pas un repaire de hackers encapuchonnés dans une cave sombre. Il s’agit simplement d’une partie d’Internet non indexée par les moteurs de recherche, accessible uniquement via des navigateurs spécifiques comme Tor. On y trouve des forums, des marchés, des messageries chiffrées — et surtout, des bases de données issues de piratages massifs.
Chaque jour, de nouveaux jeux de données fuitent à cause d’une faille, d’un mot de passe faible ou d’un clic sur un lien de phishing. Ces informations sont ensuite revendues quelques euros à des acheteurs qui les utilisent pour lancer des campagnes d’hameçonnage, des tentatives d’intrusion ou des usurpations d’identité .Autrement dit : il est tout à fait possible que vos identifiants professionnels circulent déjà sur ces réseaux sans que vous ne le sachiez.

Comment ces données se retrouvent là ?
La plupart du temps, tout commence par une négligence humaine. Un collaborateur utilise le même mot de passe pour sa messagerie personnelle et son compte professionnel. Une plateforme grand public qu’il fréquente est piratée, les identifiants sont revendus, et voilà que des cybercriminels testent ces accès sur le compte Microsoft 365 ou le CRM de votre entreprise.
Autre scénario fréquent : une campagne de phishing bien ficelée. Vous recevez un mail “urgent” de votre banque ou d’un fournisseur. Le lien semble légitime, la page aussi. Vous saisissez votre mot de passe, et quelques secondes plus tard, il est déjà entre de mauvaises mains.
Enfin, certaines données proviennent de fuites massives : LinkedIn, Dropbox, Facebook, Adobe… Les grandes plateformes ne sont pas épargnées, et chaque fuite expose des millions de comptes — dont certains professionnels.
Comment savoir si vous êtes concerné ?
Il existe des moyens simples et gratuits de vérifier si vos données ont fuité. Le site haveibeenpwned.com, créé par un chercheur en cybersécurité, permet de savoir en quelques secondes si une adresse mail figure dans une base piratée. Un test rapide, mais souvent révélateur. De nombreux dirigeants découvrent ainsi que leur adresse pro a été compromise plusieurs fois… sans qu’ils n’en aient jamais été informés.
Si votre adresse apparaît dans ces résultats, pas de panique : cela ne signifie pas que votre entreprise est actuellement attaquée, mais que vos identifiants ont circulé quelque part. Le bon réflexe est alors de changer immédiatement les mots de passe concernés, d’activer la double authentification sur vos comptes stratégiques (messagerie, outils cloud, CRM, ERP…) et de surveiller toute activité suspecte dans vos
connexions récentes.
Transformer la peur en culture numérique
La cybersécurité ne doit pas être vécue comme une contrainte technique ou une affaire d’experts. Elle repose d’abord sur une culture partagée, faite de réflexes simples : choisir des mots de passe robustes, éviter les réutilisations, rester vigilant face aux messages suspects, et sensibiliser régulièrement les équipes.
Dans une PME, ces gestes sont souvent suffisants pour réduire de 80 % le risque d’intrusion. Un mot de passe révisé, une authentification renforcée, un salarié formé : ce sont autant de portes que vous fermez aux curieux du web souterrain.
Le dark web n’est pas un monde si lointain. C’est le miroir invisible de notre vie numérique, où chaque négligence laisse une trace. En prenant le temps de vérifier, de corriger et d’éduquer, vous transformez un sujet anxiogène en levier de confiance numérique — pour vous, vos collaborateurs et vos clients !
